3 questions à... Françoise Leclaire, Psy-EN "santé"

Raccrochage : "Rebâtir un projet
scolaire en fonction de l'état
de santé de l'élève"

Publication : 22 juin 2021

Psychologue de l’Éducation nationale sur le poste "santé", Françoise Leclaire intervient à la cité scolaire Élie Vignal de Caluire-et-Cuire (69), structure unique France, et dans les services hospitaliers de la Métropole de Lyon. Son rôle est d’éviter aux collégiens et lycéens toute rupture ou décrochage scolaire en raison d’une maladie ou d’une situation de handicap. Elle nous explique ce travail, effectué en réseau avec d'autres intervenants.

© Françoise Leclaire

Comment aidez-vous les adolescents malades ou accidentés à reprendre le chemin de l'école ?

Certains jeunes n’ont pas été scolarisés depuis 1 an ou plus. À Élie Vignal (69), ils peuvent bénéficier d’un emploi du temps aménagé et d’un parcours scolaire adapté : par exemple, passer leur bac en 2 ans, accéder à une salle de repos... Ils sont pris en charge par une équipe pluridisciplinaire, composée d'enseignants, d’AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) et d’infirmières. Mon rôle est de les aider à rebâtir un projet scolaire personnalisé en fonction de leur état de santé, sans pour autant se focaliser sur leur maladie ou leur handicap. Nous avons l’exemple d’un jeune souffrant de phobie scolaire redevenu "élève". Il est retourné progressivement à sa scolarité, a repris confiance en lui et construit un projet d’orientation individuel. Il étudie aujourd'hui à l’université. Je peux aussi intervenir auprès d'un élève qui, après un accident, doit changer de voie.

Psychologue spécialisée "santé", comment intervenez-vous à l’hôpital ?

Mes interventions sont variées en fonction du public et des pathologies. Je me déplace aussi bien dans un service de cardiologie, un centre de rééducation ou de soins, qu'au sein d'une structure dédiée aux troubles du comportement alimentaire. D’une façon générale, je travaille en réseau avec les enseignants, les médecins et les référents handicap de la CCI (chambre de commerce et d’industrie), de la CRMA (chambre régionale de métiers et de l’artisanat), de l’Université de Lyon ou d’établissements d’enseignements supérieurs. Je collabore également avec l’association Arpejeh, qui accompagne les jeunes et les étudiants en situation de handicap dans la construction de leur projet professionnel. J’ai aussi la charge de la formation de mes collègues Psy-EN (psychologue de l’Éducation nationale) sur cette thématique particulière.

Quelles compétences devez-vous déployer pour aider ces adolescents à "raccrocher" ?

Lorsque je reçois les jeunes et leur famille, en milieu hospitalier ou à la cité scolaire, l’écoute est essentielle. Je les accueille, les accompagne et les écoute. Je dois aussi savoir gérer la distance pour que l'accompagnement porte ses fruits. Je contribue à la reprise de la vie scolaire, en apportant des éléments de réponses pour que ces adolescents puissent se "raccrocher" à une scolarité adaptée à leur état de santé et en fonction de leurs compétences. Mon rattachement au CIO (centre d’information et d’orientation) de Lyon Nord constitue un atout.